Coline Trottier

  • DN MADe Textile Dessin Motif

Cet article a été rédigé lorsque j’étais étudiante en troisième année de Diplôme National des Métiers d’Arts et du Design Matériaux Textile, parcours Dessin Motif à l’ésaat, et j’ai soutenu mon diplôme en 2022.

Au moment de choisir une école où poursuivre mes études après ma Mise à Niveau (MàNAA), c’est vers l’ésaat que je me suis tournée car c’est une des seules écoles à proposer l’option « Dessin Motif ». La différence avec l’option « Couleur Matière », c’est qu’on se centre sur la composition d’un motif ; la couleur vient ensuite. On fait davantage d’infographie pour visualiser les rapports et les raccords du motif sur une surface textile, composer les dessins, les rapports d’échelle, les rythmes. Plus tard on sera amené à travailler les deux car l’un ne va pas sans l’autre dans la pratique du métier de designer textile

des ateliers qui permettent l’expérimentation

L’ésaat m’a permis d’approfondir mes connaissances en textile bien évidemment, mais j’ai surtout pu découvrir des techniques traditionnelles comme le tissage, le macramé, la broderie ou le crochet, dans de grands ateliers. Je ne connaissais pas du tout ces techniques et grâce aux équipements que propose l’école et aux professeurs qui nous forment à leur utilisation, j’ai pu découvrir de nombreux procédés et les utiliser pour mes projets.

En 1ère année, il a été nécessaire de revoir les bases (dessin, gamme colorée) et de découvrir des matériaux ; on s’est construit une culture des tendances, on a développé notre curiosité. C’était bien de revoir les bases, mais on avait hâte d’expérimenter dans les ateliers et de démarrer la création textile à proprement parler. Les ateliers, c’est l’atout de l’ésaat ! Dans la salle de tissage, on peut utiliser des métiers à tisser manuels ou mécaniques. J’ai découvert toutes les étapes préalables au tissage comme préparer la chaîne et la placer sur son métier. La réserve de fils est un endroit fascinant qui regorge de trésors de toutes les couleurs, de fils de toute sorte comme ceux en papier par exemple ; arrivent souvent des nouveautés : c’est un endroit de découvertes et d’inspirations pour nos projets. En atelier de sérigraphie, on réalise nos dessins et on teste les encres sur différents textiles. Il existe aussi une salle de maille mais je n’y vais que très peu car elle est plutôt dédiée au parcours Couleur Matière.

Aujourd’hui, je me projette dans le métier de designer textile spécialisée dans la création de motifs. J’aimerais développer mon projet de DNMADe et suivre en parallèle une formation qui puisse compléter la création de motifs, en développant le dessin pur, comme j’ai pu l’aborder en 1ère année car la création de motifs en 3ème année se faisait davantage en infographie, sérigraphie ou tissage.

un projet

tissage de papier

En 3ème année, on est libre de développer notre projet et de s’orienter vers le domaine qui nous plait : on crée des matières pour la mode ou l’aménagement intérieur. Personnellement, j’ai décidé de reprendre et d’approfondir un projet précédent qui m’avait particulièrement intéressée : il s’agissait de créer une nouvelle matière en papiers tissés. J’ai débuté ce travail en deuxième année, en proposant un premier échantillon : une surface composée de bandes de papiers recyclés tissés, réversible. Cet échantillon m’a donné envie de poursuivre cette technique, l’alliance entre le tissage et le papier, dans le projet professionnel que je présenterai pour valider ma troisième année de DNMADe.

Mon stage à l’Atelier d’Offard à Tours, en création de papier peint traditionnel, m’a confortée dans mon choix de travailler cette matière que j’affectionne beaucoup : le papier. C’est une matière que je ne veux pas utiliser en tant que support, mais bien en tant que véritable médium. Le métier à tisser manuel permet l’aléatoire de l’armure qui forme un motif, et l’utilisation de matériaux non conventionnels comme le papier qui, une fois tissé, est plus résistant, manipulable, et réversible. A première vue on ne dirait pas du papier, mais du textile : c’est une nouvelle matière ! Les bandes de papier-magazine sont tissées avec un fil métallisé, qui assemble le tout, et donne aussi un aspect brillant à la surface. Mon tissage ne reproduit pas un motif particulier, il est assez aléatoire et c’est ce qui donne un rythme sur la surface. Les touches de couleurs sont aléatoires également, en fonction des bandes de magazine sélectionnées. Mon objectif est de tester les qualités des différents papiers en les alliant au tissage, pour créer des surfaces textiles en papiers pour la mode ou la décoration d’intérieur. Je souhaite créer une collection textile, qui peut prendre n’importe quelle forme et qui réponde à une problématique actuelle. La mienne est celle du recyclage de papier.

Ce travail m’a appris à construire un projet de A à Z. Il fallait que je structure et nourrisse ma réflexion : la problématique, la forme de mon projet, les techniques utilisées, les références, ce qui existe déjà sur le marché, etc. Ce travail me permet de m’envisager réellement comme future designer textile, car je cherche et je réalise par moi-même comment innover dans le domaine textile en utilisant des techniques traditionnelles comme le tissage. C’est un projet personnel et professionnel, qui regroupe tout ce que j’ai appris, et tout ce que j’aimerais utiliser plus tard : l’alliance entre tissage et papier, le dessin, la création de motifs, la création de surfaces.

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stage à l’atelier d’Offard, atelier de papier peint
stage à Bleu Tango, marque de mode éco-responsable

Expérimentations
Recherches d'armure
Expérimentations à partir de bandelettes de magazines - métier à tisser manuel
Métier à tisser, salle de tissage de l'ésaat
Expérimentations à partir de bandes de kraft
Possibilité d'une application "environnement" du matériau créé : envisager un store