Perrine Le Berquier

  • DN MADe Espaces Habités

Étudiante en troisième année de Diplôme National des Métiers d’Arts et du Design mention Espace, parcours Espaces Habités à l’ésaat, je passerai mon diplôme en 2024.

Je viens d’un lycée d’Elbeuf en Normandie où j’ai passé un bac général aux spécialités apparemment éloignées du cursus en arts appliqués : Histoire-Géographie, Sciences Politiques et Géopolitique ; Mathématiques ; Physique-Chimie que j’ai dû abandonner en terminale. Mais, j’ai postulé à l’ésaat car j’aime l’architecture et surtout la question du patrimoine. En effet, j’aimerais devenir architecte du patrimoine ou architecte dans la restauration ou la réhabilitation de bâtiments anciens ; pour cela, il me faudra intégrer une école d’architecture. 

une poursuite d’études en école d’architecture

Le fait d’avoir commencé par un diplôme de designer d’espace me donnera une double casquette, indispensable pour être plus libre dans la conception. Les stages que j’ai suivis vont dans ce sens d’une complémentarité entre les disciplines. En 1e année, j’ai été accueillie deux semaines en bureau d’études de bâtiments pour la ville de Rouen et à la fin de ma 2e année,  j’ai fait un stage de deux mois en agence d’architecture intérieure.

L’ésaat, c’est d’abord une ambiance générale, que j’apprécie. Des activités variées y sont proposées et la mixité des différents individus me plait beaucoup. Chaque élève est bienveillant et ne porte aucun jugement sur les autres. J’aime l’ouverture d’esprit de l’école ! J’ai donc décidé de participer à la vie de l’établissement en devenant éco-déléguée : nous apportons notre part de changement à l’école et chaque élève est investi dans le développement de l’ésaat.

Parallèlement aux enseignements, nous sommes libres de nous engager dans d’autres projets. Ainsi, avec trois camarades, nous nous sommes lancées dans un concours d’idées proposé par la ville de Bergues pour revaloriser une ancienne poudrière ainsi que les remparts de la ville. Notre projet devait être réfléchi dans sa globalité pour s’intégrer au mieux dans la ville mais notre site d’intervention était donc illimité ! Ce concours s’est révélé une véritable opportunité de construire un projet concret de A à Z en dehors des études. C’était un véritable challenge que de se confronter, seules, à la réalisation d’un projet entier en concurrence avec des professionnels du domaine. Notre but n’était pas de gagner le concours, mais seulement de se lancer un défi et d’apprendre sur le tas. Nous sommes reparties de ce concours plus fières que jamais avec le sentiment d’avoir osé !

un projet

une réhabilitation contextualisée

Le dernier projet mené en 2e année, avant le stage, s’implantait dans un bâtiment de l’ancienne usine de La Tossée, situé sur dans l’éco-quartier de l’Union à Tourcoing, un quartier en pleine reconversion. Ce bâtiment, appelé TO6, dispose d’un grand plateau que nous devions transformer en lieu d’exposition. 

Comme je l’ai dit, les bâtiments anciens me fascinent, par leur conception d’une part mais aussi par ce qu’ils dégagent. Le parti-pris choisi a donc fait écho à ma conception architecturale : ne toucher qu’à ce qui est indispensable de modifier. Il a donc été pour moi évident de garder au maximum l’existant, dans une préoccupation à la fois d’ordre d’écologique et de conservation du patrimoine. Comme le dit Carles Oliver1, qui est pour moi une référence du XXIe siècle : « Nous ne sommes plus au XXe siècle, utiliser les matériaux sans compter n’est plus d’actualité. Si l’on considère que le réchauffement climatique doit être endigué, alors ne pas faire est désormais la meilleure façon de faire ». 

J’ai ainsi repensé chaque espace du TO6 en répondant toujours aux mêmes questions : « Cet élément est-il utile dans l’organisation spatiale ? Comment partir de cet existant pour recréer un espace ? Est-il possible de faire corps avec un élément à première vue néfaste pour la construction spatiale ? ». Chaque élément construit a été pensé pour ne pas altérer l’univers industriel symbolique de cette région.

Ce projet m’a appris à travailler dans de grands espaces, et surtout à faire corps avec le bâtiment existant, c’est-à-dire que l’on ne peut pas créer un projet qui pourrait aller ailleurs. Il est nécessaire de bien comprendre les enjeux ainsi que l’espace pour que le projet s’y insère parfaitement. Il m’a également apporté de la rigueur et surtout une remise en question perpétuelle. Dans ce cursus, nous devons toujours nous remettre en question et prendre de la hauteur pour qu’un projet fonctionne.

Si l’architecture ou la conception d’espace vous plaît et que vous voulez entrer dans cette formation, vous vous rendrez compte que plus que des études, il peut s’agir d’une passion ou d’une chose par laquelle vous penserez le monde tous les jours. Apprendre, désormais, est devenu pour moi une envie plutôt qu’une contrainte.

1 – Carles Oliver, architecte espagnol. Il a reçu, entre autres, le prix FAD 2018 et le prix d’architecture espagnol 2019 pour le projet “Life Reusing Posidonia” de 14 logements sociaux construits dans le petit village rural de Sant Ferran de ses Roques au milieu de l’île de Formentera (Baléares).

stage chez Patrimoine Bâti, bureau d’études techniques
stage chez ASD Design Intérieur, agence d’architecture intérieure
stage chez Happy Architecture, agence d’architecture

L'ancienne chaufferie de la Tossée : une friche industrielle caractéristique du patrimoine textile de la région
TO6, vue intérieure : un vaste plateau à investir
Coupe sur le projet de scénographie d'exposition
Vue projetée de l'exposition permanente
Vue projetée de l'espace café-boutique