Publié le 12 mars 2024

  • DN MADe Paysages et Territoires Partagés

Voir et penser le paysage comme une abeille

En janvier dernier, la salle polyvalente a permis un échange fructueux, par webcam interposée, avec Audrey Raulin, géographe écologue de l’environnement, basée en Normandie. Le thème de la visioconférence – « Coconstruire le territoire avec l’abeille » – a engagé les étudiants du DN MADe Paysages partagés à changer leur point de vue, pour dépasser la vision anthropocentrée d’un contrôle de l’humain sur le monde du vivant. 

L’idée défendue par l’association Pistil n’est plus de protéger quelques espaces naturels en les mettant sous cloche, mais bien de chercher des alliances pour cohabiter le plus harmonieusement possible avec la biodiversité dans son ensemble, et ce, en partant d’un petit insecte, l’abeille… une grande dame au service de la pollinisation, performante dans son travail quotidien et surtout sociable. Nous devons apprendre à regarder le paysage au travers de ses yeux, en prenant en compte son impressionnante adaptation pour trouver une diversité de fleurs, indispensables pour nourrir la colonie avec différentes protéines. Quand nous voyons un joli paysage après les foins, aux haies bien taillées, l’abeille voit un désert sans aucune fleur… 

Audrey Rollin participe à une expérimentation à Tessy Bocage au sud du Cotentin qui a débuté par la restauration d’un ancien mur à abeilles vieux de deux siècles, et pose divers moments de sensibilisation à l’aide de jeux autour de l’alimentation ou de sorties botaniques. Mais surtout le projet « Mélli-faire » cherche à repenser notre construction du territoire, en concevant un projet de transition agroécologique et de résilience alimentaire guidé par les abeilles. Ce travail tente de relier les enjeux de la biodiversité, de l’économie locale et du lien social, en nous faisant faire « un pas de côté » pour voir autrement le paysage. Cela se construit avec différents acteurs : le monde agricole, les élus et les habitants, mais aussi l’Université de Caen au-travers du centre de recherche Eco-PEPS et la Fabrique étudiante. 

Cet exposé, organisé par Xiaoling Fang – Maître de conférence à l’École d’architecture de la Villette et enseignante à l’ésaat pour le parcours Paysages partagés de DN MADe 2 – a réussi à nous sensibiliser sur la biodiversité en posant un nouveau regard sur le monde du minuscule, pour élargir notre vision du monde et transformer autant nos imaginaires que nos actes. 

Le Mur à Abeilles à Tessy-sur-Vire est un mur construit pour abriter des ruches dans des niches vers 1810. Avec une centaine de ruches à l’époque, dont 34 sont encore visibles, il est le plus grand mur à abeilles connu en France.
Audrey Raulin. Eco-formatrice et géographe spécialisée dans la conception de projets d’écodéveloppement, elle accompagne les territoires dans la construction de projets collectifs depuis 20 ans.
L'association Pistil met en place une approche systémique, composée de trois enjeux : la sauvegarde de la biodiversité, la relocalisation de la réponse à nos besoins alimentaires et la restauration du lien entre habitants et entre générations.